TRIATHLON VERSAILLES 2016 vu par Speedy

 

J'aime bien ce triathlon car je peux y aller à vélo depuis la maison. Du coup j'y vais une première fois pour rien à midi car les puces ne sont pas prêtes, je ne peux pas avoir mon dossard.
10 bornes pour rien, on n'est pas à ça près.
Je repars une deuxième fois à 14:30 sachant que ça va être un peu tendu, et pour arranger le tout, les premières gouttes commencent à tomber.
J'arrive sur place pour voir les copains — déjà à leur emplacement dans le parc — en train de mettre leurs combinaisons et la pluie qui se précise.
Petit stress qui monte.
Je récupère mon dossard, prépare ma ceinture pour passer le contrôle et remonte le parc à vélo pendant que tous les pingouins en sortent.
Re stress.
Arrivé presque seul à mon emplacement, je découvre le plaisir d'enfiler la combinaison sous la pluie. Ça colle et c'est hyper galère. Comme quoi il y a des trucs qui s'enfilent bien mieux à sec.
J'arrive à temps pour le briefing, on écoute les menaces de chute et de crevaison puis on rentre dans l'eau pour se préparer à en découdre.

Avec ma côte douloureuse, j’avais tenté la semaine précédente une tactique stupide : partir tranquille derrière. Mal m’en a pris, je revenais sans cesse sur des nageurs trop lents qui m’envoyaient leurs jambes de brasse dans les côtes ! Cette semaine je vais tenter tout le contraire : la pôle position. Gonflé le Speedy ! Je me place bien mais l’attente est longue, je me refroidis et finis par me faire surprendre par le coup de pistolet. Quel touriste ! La demi seconde que je perds à retrouver le bouton du Garmin me coûte assez cher, je me retrouve avec un peloton de nageurs survitaminés qui me passe sur le corps. Je bats mon record de coups dans la gueule et de tasses bues et fête ainsi par un bizutage auto-administré mon entrée dans la catégorie des vieux V3 qui doivent y réfléchir à deux fois avant de se mettre au milieu des séniors testostéronés.

J’ai bien du mal à reprendre mon souffle, mon calme et mon rythme. J’arrive au bout des 800 m bien entamé, me doutant que Benjamin et Xavier sont devant (le chrono confirmera que Benjamin m’a pris 1 min 35 s et Xavier 22 s, les coquins).

La transition est une fois de plus bien moyenne. Heureusement, les courageux du club sont là pour m’encourager et me mettre la pression. J’ai oublié de préparer les chaussures vélo, les scratchs des fermetures velcro ne sont pas défaits. J’ai également oublié de sortir le chausse-pied. Tout est trempé et j’ai froid aux doigts, j’arrive à peine à boucler la sangle du casque.

Je pars sur les routes de la montée de Satory qui charrient des hectolitres d’eau de pluie et je commence à doubler tous les malheureux qui chaussent mal. Qu’on se le dise : ici, il vaut mieux démarrer chaussures aux pieds. On est toujours dans la flotte, pas trop de différence avec le parcours natation. Ah si : on a un vélo entre les jambes, le parcours n’est pas plat et il y a beaucoup plus de vent. Je suis extrêmement prudent car je veux faire un zéro-chute et un zéro-crevaison. Je ne tarde pas à voir Xavier sur le bord de la route avec ce qui ressemble à un pneu crevé. Damned. Sur une course aussi courte et rapide, ça sent le cramé pour Flam. Je continue d’appuyer très fort sur les cuisses pour faire honneur au maillot (je n’ose pas trop dire que je mouille le maillot, vu la météo…) avec deux ou trois compagnons de route qui m’aident à braver le fort vent dans la gueule, on rattrape le grupetto de Benjamin. Je sais maintenant qu’il crèvera lui aussi peu de temps après, décidément… (quand je pense qu’il a réparé et terminé la course, le tout avec un pied entaillé, chapeau bas !).

Ma prudence dans les passages délicats me fait perdre mes collègues et je continue à donner le maximum, seul sur la totalité du deuxième tour. Je ne me fais pas rattraper par les pelotons suivants, ce qui est plutôt pas mal, mais me coûte beaucoup d’énergie. Retour prudent au bercail pour une deuxième transition un poil plus normal, mais je suis transi.

Je me lance dans la forêt marécageuse pour le parcours à pied qui sera un grand moment boueux. Dès les premiers virages, ça se bouscule, ça glisse, ça panique. Je double plusieurs concurrents et me lance à fond dans une belle descente glissante. Arrivé en bas, mes cuisses décident de me lâcher comme une grosse merde au moment d’encaisser la charge la plus importante. Ma chute est aussi vertigineuse que celle des températures, je me tape un roulé-boueux sur l’épaule droite. Ça pique un peu, mais je ne vois pas de sang alors c’est reparti comme une bête traquée. Je donne ce que je peux sur ce terrain où les appuis sont incertains et les flaques parfois très profondes. On en a vraiment partout, les athlètes cherchent à droite et à gauche des passages plus solides, sur l’herbe, ou les cailloux, mais rien n’y fait : c’est mauvais partout. J’ai des jambes en bois. Dans ces conditions, on est content que l’épreuve soit courte et pas loin de la maison.

J’en termine en 1 h 23 min 42 s soit environ 8 min de plus que les bonnes années et on ne fait pas de vieux os au buffet de débriefing de l’arrivée.

Merci tout plein à Cécile, au Husse et à Claudius, à la famille Pottier, à Pascal, à Yann, etc., tous ceux qui étaient là pour nous soutenir dans ces moments épiques.

Je rapporte chez moi 3 kg de boue sableuse qui s’est glissée partout et qui est assez difficile à éliminer. Je mets une bonne heure à me réchauffer, dont une bonne partie sous la douche. J’ai très mal aux mollets et aux cuisses, preuve que j’ai vraiment tapé dedans. J’ai finalement de belles griffures sur l’épaule droite, comme si une fille avait été très contente d’être dans mes bras, heureusement que vous êtes quelques uns à pouvoir attester de mon emploi du temps de cet après-midi néanmoins mémorable. Et une fois calmé, je me rends compte que dans la chute, je me suis fait mal à une côte, mais cette fois-ci, à droite ! Ça tombe bien, ça commence à aller mieux à gauche.

Bon ben maintenant… il n’y a plus qu’à aller à Vendôme pour faire 4 fois ça !