Départ de nuit:

2012-Embrun

 

 

Le témoignage de G. sur cette course hors norme, le 15 août dernier...

 

Quelle journée qui restera à jamais gravée dans ma mémoire !

Cette course est vraiment unique et mythique :

  • un décor sublime de montagnes, lacs et rivières sous un grand ciel bleu, qui vous fait oublier toutes les difficultés,
  • des conditions toujours extrêmes :  en 2012, chaleur au programme (mais la pluie ou le gel peuvent être au RDV très souvent)
  • un public absolument extraordinaire, type « Tour de France » qui vous acclame, dans tous les points chauds en Vélo (des « Allez Vélizy » comme s’il en pleuvait !)
  • et comme la liste des participants/dossards est distribuée aux spectateurs, ce sont des « Allez Gilles » pendant tout le marathon….
  • mais aussi et surtout des supporters de Vélizy FA-BU-LEUX

Un grand, un immense MERCI à Xavier et Jean-Louis qui nous ont soutenu jusqu’au bout dans  cette course de barjots !

Pour ma part, cela aura été 8h de pur plaisir de sport mais ensuite 8h25 de douleur et de volonté pour décrocher ce maillot de Finisher !

Levé à 3h15 pour un petit-déjeuner partagé avec d’autres concurrents à mon hôtel de Châteauroux (-Les Alpes…..), je rentre à 4h10 dans le PAV parmi les tout premiers.

Préparation du vélo et de tout le matériel pour la course (quelle logistique pour un Ironman, à devenir parano !) et Sam me rejoint.

A 4h45, je suis complètement prêt et retourne à la voiture faire une petite sieste….

5h30, séance photo avec Xavier et  il est temps pour nous de passer la combinaison.

Il fait nuit, l’ambiance est plus au recueillement quasi mystique, mais le speaker fait monter la pression.

5h50, les filles partent, applaudies comme il se doit.

C’est aux 1050 concurrents masculins de se mettre à battre des mains sur la plage jusqu’au coup de pistolet libérateur.

C’est enfin parti ! Je pensais me retrouver rapidement au large pour nager mais pas du tout, cela va frotter pendant quasiment toute la NAT et surtout au passage des bouées.

Nager de nuit impressionne un peu au début mais on s’y fait vite et rapidement le ciel rougit autour du lac, quelle beauté !

J’essaie surtout d’éviter les coups et de nager à l’économie sans perdre d’influx.

Sortie de l’eau et coup d’œil à ma montre, 1h05 environ, comme prévu et content, compte tenu des conditions……

Je prends bien mon temps pour ne rien oublier et sort tranquille les chaussures à la main avec le vélo : c’est parti pour ce parcours cyclo et ses 5000m de dénivelé !

La première partie est une route en balcon avec une vue saisissante sur le lac de Serre-Ponçon et une grosse envie de faire un arrêt photo !

Mais dès le départ, la montée vous met dans l’ambiance avec des bons passage à 9%.

Je bénis mon triple plateau qui me permet de passer sans faire monter le cœur. Les sensation sont excellentes, je profite, je profite….

Descente et retour vers Embrun puis Baratier au Km 40km où nos supporters sont là : quelle ambiance !

Au km 60, Sam me rejoint, me raconte son départ sans dossard (sacré Sam !), et nous roulons proches pendant sur le faux-plat montant.

Je sens que les pulses commencent à monter et je décroche tranquille pour entamer les 32 km de montée vers l’Izoard (et surtout les 15 derniers !).

Fidèle à mes lectures, je sais qu’il faut tenir sur la première partie en ligne droite jusqu’à Brunissard, pour ensuite gérer la succession de virages et les derniers à 10%.....

Dans une des dernières boucles, un spectateur me dit qu’un « autre gars de ton club est à 5-10mn devant » !

Ca y est, le col est là, c’est la pause sandwich et je regarde ma montre : midi pile poil ! Le temps limite est à 13h10 !  J’ai de la marge….

Des gars discutent : « c’est bon, on devrait faire 13h30 / 14h au pire avec la chaleur ».

Je me sens hyper bien avec l’impression d’avoir fait très peu d’efforts…..

Je repars avec une banane énorme et en profite pour ne pas trop perdre de temps  dans la superbe descente de l’Izoard (repérée 2 jours avant en voiture…..).

Traversée dans un four (réglé à 34 deg) qui s’appelle Briancon et passage à 13h25 à L’Argentière (coucou à Jeannot, un ami guide de ski) et l’on entame la cote des Vigne

Mais à partir du km 140, cela commence à se gâter : mal de tête sous l’effet de la chaleur, plus rien ne passe sauf le coca et surtout le genou gauche qui me fait mal (plus possible de vraiment pousser), il va falloir serrer les dents et revoir les objectifs à la baisse !

On entame le mur de Pallon (9-10%) avec les indications du public plus ou moins précises (« au rocher vous y êtes ! »). Enfin, j’arrive au rocher en évitant les concurrents qui zigzaguent, ceux qui marchent…

Un petit plat et …..cela remonte à nouveau ! Je repense à JPP : « à Embrun, cela monte tout le temps sauf en NAT ! ».

Enfin le retour dans Embrun mais il faut entamer les derniers kms avec la côte de Chalvet avec un revêtement absolument infâme de nids de poules….

Puis enfin, la descente (en gardant la concentration) sur le même revêtement pourri !

Transition tranquille après un massage sur mon genou (qui n’améliorera rien !) et c’est parti pour la première boucle.

Au bout de 10 km de trottinement et de marche, je suis en 1h30 environ et je commence à me dire que ca va être juste pour être dans les délais…

Heureusement au 14e, je croise Jean-Louis qui m’encourage, puis le public très nombreux dans Embrun et la première arrivée. Beaucoup de gens pensent que je suis en train de finir….

C’est reparti pour le dernier tour, je ne peux plus rien avaler (à peine de l’eau !) et j’ai régulièrement le hoquet qui m’oblige à marcher et même m’arrêter.

La nuit tombe, apportant enfin un peu plus de fraicheur mais maintenant je suis littéralement attaqué par les mouches attirées par ma sueur.

Je repasse Baratier mais Jean-Louis n’est plus là, et j’attaque la digue, il me reste un quart d’heure de marge,  cela devrait le faire mais j’ai perdu toute lucidité pour calculer quoi que ce soit depuis longtemps.

Soudain, je n’entends plus rien, et me demande s’ils n’ont pas fermés les arrivées (en fait, c’est juste qu’il ne reste plus beaucoup de concurrents !)

Cette arrivée en pleine nuit est un moment incroyable, le speaker et le public très nombreux  font une ovation aux derniers finishers dans les délais, Jean-Louis m’aperçoit, et va courir les 200 derniers mètres avec moi en hurlant !!

C’est fou !

La ligne passée, l’atterrissage sera plus dur. Je m’étends sur un lit (hypothermie) avec des couvertures et la tension est à 6….1h plus tard, elle est remontée à 10.

Il est minuit, Jean-Louis et sa famille sont restés et m’aident à ranger les affaires dans la voiture. Je ne les remercierai jamais assez de leur présence.

Le lendemain matin, Xavier me raconte comment il a accompagné Sam pendant le marathon.

Vélizy Triathlon est plus qu’un club ….